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Vous le savez déjà, une bonne communication se traduit par des textes accrocheurs et des idées captivantes, et surtout, par des visuels cohérents et percutants. Cela s’applique partout, que ce soit pour une pochette d’album, un dossier de presse, une identité graphique, la mise en page d’un livre, et bien d’autres. La combinaison de l’IA et du graphisme devient une vraie question.

De nos jours, l’utilisation exclusive des Intelligences Artificielles (IA) est devenue particulièrement attrayante, et cela pour diverses raisons toutes aussi valables les unes que les autres. Cependant, il est crucial de comprendre qu’une IA seule ne crée pas par elle-même. Elle nécessite une impulsion créative ainsi que l’expertise de regards avertis pour valider et décider de l’utilisation des visuels générés.

Mon objectif ici n’est pas de condamner l’utilisation des IA, ni de considérer leur existence comme une aberration. Au contraire, je souhaite explorer comment les utiliser de manière judicieuse, tout en les considérant comme des outils et des sources d’inspiration plutôt que comme des finalités.

Le manque d’intention créative

Voici une définition de l’IA par Chat GPT : « L’intelligence artificielle est un domaine interdisciplinaire de l’informatique qui vise à créer des systèmes capables de simuler certaines facettes de l’intelligence humaine. Ces systèmes utilisent des algorithmes complexes et des modèles mathématiques pour analyser des données, apprendre à partir d’expériences, prendre des décisions, résoudre des problèmes et effectuer des tâches spécifiques sans être explicitement programmés. »

Cependant, il souligne également que les capacités actuelles de l’IA sont spécifiques à des domaines particuliers et ne reflètent pas encore la compréhension globale et la créativité humaine.

Il a donc bien notion de ce qu’il est. La créativité est une notion vaste et personnelle. Une œuvre ne vit pas en tant que telle, elle vit à travers son créateur, son vécu, son histoire, sa personnalité, ses idées… Et c’est le regard des autres qui lui confère son statut d’œuvre. 

Comme disait Marcel Duchamp « c’est le regardeur qui fait l’œuvre ». Une création devient une œuvre lorsqu’elle a été considérée comme telle avec une intention sous-jacente. Tout comme les ready-made de Marcel Duchamp, qui, à travers l’ensemble de son œuvre, n’a cessé de questionner ce qu’était une œuvre d’art et l’art lui-même.

L’IA n’a pas d’histoire propre, elle est la conséquence de l’histoire de tous les autres, donc si vous lui demandez de créer telle chose avec tels mots-clés, comme une pochette d’album par exemple, le résultat ne sera pas personnel puisqu’elle se basera sur un historique et un algorithme au-delà de votre projet (sans parler des problèmes que cela pose en termes de droit d’auteur, qui méritent d’être soulevés mais qui ne sont pas le sujet de cet article).

L’IA ne pourra pas écouter votre musique, ni lire les paroles, ni tenter de vous connaître. Le résultat pourra être intéressant, mais un projet bien abouti, une réelle intention créative et humaine est indispensable pour donner du poids à votre visuel et à votre communication.

Problèmes de proportion et style répétitif

Un autre aspect montrant qu’il faut utiliser les IA avec parcimonie. Même si elles le seront un jour, elles ne sont pas au point aujourd’hui, notamment en ce qui concerne les proportions humaines. Pour appuyer mon propos, l’image ci-contre a été créée avec Adobe Firefly (moins performante que MidJourney), avec la description suivante : « photo of a woman sitting and dressed like a goddess with a proud expression in the universe ». On remarque que les mains et les doigts ont de gros problèmes de finitions, il en est de même pour le visage et les yeux.

Les illustrations ci-dessous captivent par leur richesse en couleurs et leur dynamisme. Cependant, le « style » de l’IA se démarque avec une touche de « coup de pinceau » à la manière de Van Gogh. Cette tendance persistante à adopter ce style fait que l’on reconnaît immédiatement qu’elles sont le résultat d’une création par une IA.

Considérons l’affiche de Roland Garros comme exemple : l’idée est excellente, mais le style, de mon point de vue, donne une impression de déjà-vu. Il existe un risque d’homogénéisation des styles graphiques pour les illustrations, alors que de nombreux illustrateurs talentueux possèdent leur propre style distinctif.

Autre point, l’IA prend parfois du temps pour arriver au résultat escompté, en atteste lui-même l’auteur de cette affiche, sur le site Numerama :

« L’affiche de Roland-Garros 2024 a été réalisée avec Midjourney »

En ce qui me concerne, j’ai utilisé l’IA comme source d’inspiration pour la conception de la pochette « PI ». Elle m’a été utile pour la posture, mais pour le style graphique, je n’ai jamais réussi à obtenir exactement ce que je recherchais. J’ai exploré d’autres inspirations sur Pinterest, et au-delà, les livres ont également été une grande source d’idées. En raison de ma passion pour la création, qui va au-delà des idées, englobant la manipulation de matériaux variés et l’exploration de supports différents, l’IA ne sera jamais pour moi une solution facile ou un résultat, mais restera une inspiration et un outil.

Cela ne s’applique pas à tous les artistes, car l’IA peut produire d’excellents résultats.

Exploration des nouvelles technologies :
redéfinir le statut de l’artiste

Alors que l’on pensait que l’art était le monopole des artistes et des galeries d’art, les NFT nous ont démontré le contraire (voir le très intéressant documentaire Arte « NFT, chaos dans le monde de l’art »). Des ingénieurs en informatique sont devenus des artistes malgré eux ayant pour conséquence un chamboulement de ce qui fait un artiste et c’est tant mieux. Tant de gens aiment créer mais ne se sentent pas légitimes car ils se considèrent trop peu formés. Il faut une intention réelle et un profond plaisir à créer (et que l’objectif ne soit pas faire de l’argent).

« NFT, chaos dans le monde de l’art »

Disponible sur Youtube

« La création est vaste, la boucle est bouclée. »

En ce qui concerne l’IA, elle suscite certainement la controverse en raison de la crainte qu’elle engendre. C’était également mon cas, mais comme le soulignent certains, lors de l’avènement de la photographie, on craignait que les peintres ne disparaissent. Peu importe le médium, la nécessité d’un créateur persiste.
C’est la leçon que j’ai tirée d’un documentaire tout aussi fascinant sur le collectif Obvious, intitulé « Obvious, hackers de l’art », un trio français aux origines diverses, désormais reconnu en tant qu’artistes.

J’apprécie énormément leur travail car il existe une véritable direction artistique, caractérisée par une intention claire, des idées novatrices, des objectifs définis, des inspirations variées et des résultats étonnants. Dans ce cas, l’ingénieur informatique crée à travers ses logiciels et lignes de code, tout comme un peintre le fait avec ses pinceaux et sa peinture.

« Obvious, hackers de l’art » : un doc pour comprendre comment l’IA bouscule les artistes

Comment utiliser les IA si je ne suis pas graphiste ou créateur d’images ?

Comme mentionné précédemment, utilisez les IA comme source d’inspiration ou comme point de départ, que vous pouvez ensuite enrichir si vous avez des connaissances en graphisme, design ou art. Pour des sujets simples, tels qu’un paysage d’hiver ou un portrait de tigre, le résultat peut être convaincant, et l’IA peut vous fournir plusieurs visuels à utiliser dans votre projet.

Pexels – Photos

Unsplash – Photos

Abode Stock – Photos / Illustrations / Vecteurs

Creative Market – Design et typographie haut de gamme

Si ce n’est pas le cas, je vous recommande d’explorer les banque d’images et d’acheter une belle photo en accord avec votre projet et votre identité graphique. La clé est de rester simple lors de l’ajout de textes et de logos sur Canva. N’en faites pas trop, évitez la surcharge. N’hésitez pas à solliciter l’avis d’un professionnel, car le graphisme et la création visuelle exigent une expertise.

Cependant, l’idéal est de déléguer lorsque vous n’avez pas de compétences particulières. Je sais à quel point on souhaite garder la mainmise sur son projet, on a tendance à vouloir tout faire.
Mais moi-même j’ai choisi de déléguer certaines choses sur lesquelles je ne me sens pas à l’aise et surtout pour gagner du temps.

En conclusion, l’IA représente un nouveau médium avec ses limites. Tout comme un appareil photo entre les mains d’un bon photographe ou d’une personne ayant un œil artistique, le résultat peut être convaincant. Même si la personne ne sait pas utiliser un appareil photo, une idée claire et précise, une intention sincère et un regard capable de discerner ce qui est bon ou non sont essentiels.

Si ce n’est pas le cas, il est préférable de faire appel à un professionnel de la création visuelle, qu’il soit artiste, photographe, graphiste, designer, ou même ingénieur informaticien ;-).

(J’utilise Chat GPT principalement pour vérifier la formulation des phrases, corriger les fautes d’orthographe ou condenser un paragraphe. J’aime écrire, donc je rédige d’abord mon article et ensuite je travaille avec lui pour l’améliorer. C’est devenu un outil indispensable pour de nombreuses personnes et professions.)